Direction la Carretera Austral

Pour se changer les idées, nouveau petit article pour conter notre périple de traversée de la frontière Argentine / Chilienne. Attention si tu lis ceci alors que tu es censé être en télétravail ce n’est pas bien !

Donc, notre objectif était de rejoindre à pied la Carretera Austral qui commence à Villa O’Higgins au Chili, depuis El Chaltén en Argentine. Un passage de la frontière en 3 jours de trek dans les montagnes !

Jour 1 – Vers la frontière

Notre périple commence donc à El Chaltén. Nous prenons un mini bus qui nous amène après 2h de piste en terre au niveau de la Punta Sur du Lago del Desierto où nous pique-niquons.

Pique nique à la Punta Sur du Lago del desierto

Cette première étape doit nous amener au poste frontière argentin situé à l’autre bout du lac, la Punta Norte. Un bateau assure la traversée en 30 minutes, mais nous avons le temps donc nous optons pour la solution plus longue et plus économique : les 5h de rando le long du lac !

On alterne les montées descentes dans la forêt, avec de temps en temps de beaux miradors sur les glaciers qui recouvrent les montagnes en face.

Comparé aux autres treks que nous avions fait jusqu’à présent, nous avons cette fois sur le dos tout notre équipement (pas possible de le laisser à El Chaltén vu que nous n’y retournons pas !). De fait, les sacs sont bien lourds, et les jambes aussi.

Beaucoup de petits ruisseaux à traverser sur des pierres ou des troncs, Maroussia n’est pas très à l’aise avec son gros sac mais on réussit à ne pas se mouiller les pieds !

Le pont ploie sous le poids de Maroussia

Nous arrivons en fin d’après midi à la Punta Norte. Il y a déjà quelques tentes, des personnes qui font le même trajet que nous. On monte le campement aux abords du poste frontière, sur une herbe bien verte, face au lac avec en fond le Fitz Roy qui reste caché dans les nuages (on se dit qu’on a eu de la chance avec le temps la veille).

Campement au poste frontière argentin
Rare photo du brûleur à gaz et de la popote en action, accompagnés par nos tasses maison

Jour 2 – La traversée de la frontière

Réveil au petit matin, nous faisons tamponner nos passeports pour la sortie de l’Argentine au poste frontière, jusqu’ici tout va pour le mieux !

Commence alors une randonnée de 7h qui va nous faire traverser la frontière avec le Chili. Côté argentin on est sur un chemin dans les bois montant jusqu’à la ligne de frontière, tandis que côté chilien on passe sur une piste en terre qui descend pendant 16 km vers le lago O’higgins et le poste frontière de Candelario Mancillo, notre destination du jour.

On précise que Candelario Mancillo est un endroit plutôt très isolé au Chili : 7h de marche vers l’Argentine ou 90km de bateau vers le village chilien le plus proche (Villa O’Higgins). Sur place : une famille installée il y a 100 ans vivant là la moitié de l’année pendant l’été, et le groupement d’une dizaine de Carabineros. Le lac O’Higgins est trèèès grand et difficile à la navigation en raison du vent certains jours, les départs en bateaux sont donc incertains.

Vue sur le lac O’Higgins

Peu avant le poste chilien on croise le panneau des aliments interdits de passage au Chili, la traduction en français nous a bien fait rire : « Ne pas entrer dans les fruits et légumes »!

Au poste, les Carabineros nous apprennent que la frontière Argentine est désormais fermée et que ce sera bientôt le cas pour la frontière Chilienne, nous sommes en fait les 2 derniers à passer ici, pas de retour possible donc.

Le douanier nous presse pour les formalités administratives car apparemment le bateau que nous devions prendre le lendemain matin est en fait déjà là pour des raisons météorologiques et il part d’un instant à l’autre ! On reprend nos sacs et on court pour essayer d’arriver au petit quai situé 1km en contrebas au bord du lac. Mais au détour d’un rocher… on voit le bateau partir… Nos grands gestes n’y feront rien, il ne fera pas demi tour…

S’ensuit alors un moment de désarroi. D’autant que Loïc, qui fait l’aller-retour pour aller prévenir les Carabineros, se fait expliquer que l’on est les seuls touristes à ne pas avoir eu le bateau et que personne ne sait quand le prochain pourra venir à cause de la météo venteuse.

Résignés, nous nous dirigeons alors vers le campement en surplomb du lac appartenant à la famille qui vit là. Et là… Soulagement, en fait 3 autres randonneurs n’ont pas pu monter dans le bateau non plus, on n’est donc pas seuls dans cette galère !

Nous montons le camp. Les Carabineros viennent nous voir pour comptabiliser ceux qui n’ont pas pu prendre le bateau : 2 allemands (Sarah & Daniel), 1 irlandais (Conor) et 2 français (Maroussia & Loïc). Ils nous informent que le prochain bateau viendra mardi mais ne repartira que jeudi … bon, on est dimanche, un peu de temps à passer ici à priori.

Les 5 touristes bloqués à la frontière chilienne

Côté positif : ils nous préviennent aussi que le lendemain la famille va faire une fête d’anniversaire et que l’on sera sûrement invités à venir.

Finalement on peut se détendre un peu et relativiser la situation. On n’est pas si mal face au lac d’un bleu magnifique et aux montagnes qui le bordent !

Vue depuis le « camping » à Candelario Mancillo

Jour 3 – La quarantaine !

Bien remis de nos émotions par une bonne nuit, on fait connaissance au petit déjeuner avec nos 3 nouveaux compagnons. Un des membres de la famille locale vient aussi officiellement nous inviter pour l’anniversaire de sa Maman à midi, elle fête 93 ans, c’est la petite-fille de celui qui a colonisé l’endroit en y donnant son nom (Candelario Mancillo, tout s’explique). Il y aura des musiciens et un asado pour manger ! Trop cool !

Quand nous entendons au loin les premières notes de musique nous nous présentons tous les 5 à la fête. Tout le monde est rassemblé sous une sorte de petit appentis. Tout le monde, c’est en fait la famille, des Carabineros en uniforme et le groupe de musique qui est en fait la « banda » des Carabineros. Ils s’appellent los baguales del amor ce qui signifie « les bêtes sauvages de l’amour ».

On rigole bien parce que parmi les membres du groupe il y a « Wilson », celui qui nous a tamponné nos passeports la veille et qui ne nous avait alors pas paru cool du tout, mais là il danse et il chante et il joue de la râpe musicale !

Les 5 touristes avec les membres du groupe « Baguales del amor »

Les musiques populaires chiliennes en live se multiplient, on prend l’apéro et la mamie souffle ses bougies.

Mamie et les Baguales del amor

Pendant ce temps un groos morceau de viande de boeuf cuit dans le barbecue géant, préparé par Ricardo et Tito, les fils de la mamie.

Asado d’anniversaire

Nous sommes tous priés de nous mettre à table pour manger avec tout le monde l’asado accompagné des légumes du jardin. Ça enchaîne avec de nouvelles chansons inédites et d’autres qui seront jouées, rejouées et rerejouées.

En fin d’après-midi les carabineros s’en vont, tandis que nous sommes invités à rester avec la famille. On se fait arroser de vin local « gato negro » pendant toute la soirée. Nous discutons pendant un long moment avec la famille de sujets très divers (notre travail, la chasse des pumas en argentine, l’incendie qui a ravagé leur maison il y a deux ans…).

Vers 21h, on se dit qu’il est temps de repartir. Retour à la tente et on s’endort en se disant que demain sera un nouveau jour !

Mais 1h après s’être endormis on se fait réveiller par les 4×4 des carabineros, gyrophares et sirènes à fond à côté des tentes ! Ils « toquent » au tentes pour nous inviter à venir à leur fête de départ à la retraite du major… Petit moment d’hésitation, on y va ou pas ?

Bien sur qu’on y va ! On monte dans le pick-up en pleine nuit et vroum direction le poste frontière. Tous les carabineros sont là, on remange un asado, les Baguales del amor remettent ça puis la soirée s’enchaîne jusqu’à 3h du matin. Batailles d’eau, limbo, salsa et autres musiques latinos ! Notre ami irlandais Conor est déchaîné, il faut dire que c’est la St Patrick !

Grosse ambiance à la caserne

On décide quand même d’aller se coucher pour de bon en se disant que demain on aura bien le temps de faire une grasse mat’ !

Jour 4 – Villa O’Higgins, déjà?

Eh bien non ! Pas de grasse mat’ ce matin… A 8h30, de nouveau les 4×4, les gyrophares et les sirènes ! Les carabineros nous réveillent en urgence, le bateau a pu venir comme prévu mais il doit partir directement, il faut qu’on lève le camp rapidement pour le prendre !

Réveil en fanfare

On fait les sacs et on dépiquette la tente en vitesse, on se fait emmener en 4×4 au petit quai de Candelario Mancillo. Dernières embrassades avec les carabineros et on s’en va.

2h de bateau plus tard sur un lac quelque peu agité (presque-vomi) on accoste au quai du bout de la Carretera Austral. Puis on se fait emmener en 4×4 au village de O’Higgins !

Fin de la route de la Carretera Austral

Villa O’Higgins – Cochrane – Coyhaique

On retrouve nos 3 compagnons dans un camping encore ouvert de Villa O’Higgins. Quand on dit à la gérante qu’on veut essayer de faire du stop elle nous informe qu’un couple de chiliens part le lendemain pour rejoindre Cochrane. Ils sont d’accord pour nous emmener gracieusement, parfait ! Car en plus de ça, comme des boulets on n’avait pas pris d’argent liquide chilien alors qu’on savait que villa O’Higgins n’a pas de distributeurs. Et pour payer le bus c’est seulement en cash… Mais problème résolu !

Départ le lendemain matin à 8h, il y a 7h de route jusqu’à Cochrane. On remonte la Carretera Austral en traversant de très beaux paysages, des gorges, des lacs, au loin le Campo de Hielo Norte.

Arrivés à Cochrane on constate que la situation a encore évolué vis à vis du virus. Beaucoup d’hostels sont fermés, personne dans les rues… Nous trouvons néanmoins une chambre dans un des hostels qui reste ouvert, chez une gentille dame qui nous cuisine un bon goûter (pain, beignets et confitures maisons) réconfortant.

Petite balade dans le village entouré de montagnes. Le paysage ici est totalement différent de ce qu’on a laissé à El Chaltén ou même de ce qu’on vient de traverser en voiture durant toute la matinée.

Le lendemain, au vu de la situation du moment au Chili, nous prenons la décision de trouver un logement à Coyhaique (grande ville la plus proche) où nous pourrons rester le temps « de voir comment ça évolue ». Le dernier bus part le jour suivant.

Le soir nous retrouvons nos amis allemands et irlandais qui logent aussi dans le même Hostel que nous. L’occasion de se faire un nouvel apéro d’au revoir !

Tôt le lendemain, départ en bus, on va remonter un grand morceau de la Carretera Austral vers Coyhaique. C’est quelque peu rageant de voir défiler de magnifiques paysages où nous aurions dû nous arrêter selon notre planning initial…

A Coyhaique on loge dans un petit appartement d’Airbnb avec Conor qui nous a suivi (lui a décidé de rentrer en Irlande tandis que les allemands ont choisi de rester dans le petit village de Cochrane).

Les jours qui suivent sont peu intéressants, on suit les dernières informations un peu démoralisantes tout autour de la planète. Heureusement avec Conor et Matthaeus (un allemand que nous avons rencontré ici) nous partageons de beaux apéros, l’occasion de connaître le vin chilien plutôt bon. Et surtout de jouer à la belote (oui c’était une des missions du voyage de convertir des étrangers et on a réussi au moins avec 2 !) et à d’autres jeux.

Partie de « 6 qui prend » avec Conor et Matthaeus

On explore un peu la ville et petit à petit on se dit qu’il vaudrait peut être mieux rentrer au vu de l’évolution du virus ici. Il semble que la situation est partie pour durer, tous les parcs naturels sont fermés, on ne peut rien faire et l’ambassade demande à tous les français de rentrer en urgence… C’est avec beaucoup de peine que l’on réserve donc nos billets retour en se promettant de revenir sitôt que la situation sera meilleure !

Prochaine destination : la France… si l’avion n’est pas annulé !

Merci de nous avoir suivi et on espère à bientôt !!

Quelques photos en vrac ci-après 🙂

Traversée périlleuse d’un pont à Coyhaique
Départ du centre du monde, il y a à peine plus d’un mois…
Tentative échouée de prendre une photo en sautant
Panorama sur le Fitz Roy
Nouveau look marin, tête au chaud et oreilles aérées !
Nouveau look nonne, tête au chaud et oreilles aérées !
On pensait avoir un pied dans chaque pays mais en fait la frontière est 10 m plus loin
Des groooos dodos dans les bus ! Tel est pris qui croyait prendre

3 commentaires sur « Direction la Carretera Austral »

  1. quel voyage ! vraiment le coeur du chili du sud sur la fronière argentine, au coeur des émotions. on a envie d’y être.
    en espérant à présent qu’un avion sera bien au rendez-vous.

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