Traversée des Pyrénées – Détails techniques (et suite du voyage)

Après quelques semaines en France où nous avons fait un bon tour pour rendre visite à la famille et les amis, la suite du voyage se prépare. Rendez-vous à la fin de l’article pour connaître notre prochaine destination ! Et avant ça, un dernier résumé de notre périple dans les Pyrénées…

Quelques détails « techniques » que l’on souhaite partager. Certains faisant l’objet de questions récurrentes posées le long de notre parcours.


Le trajet suivi – Construction, modification et réalisation !

Avant le départ :

Nous avons profité du confinement pour élaborer notre parcours en plusieurs étapes :

  • Initialement on s’est basé sur le tracé originel de la HRP décrit par G. Véron.
  • Consultation de divers sites et blogs de HRP-istes détaillant les variantes, les ravitaillements, les sites de bivouac possibles …
  • Localisation des lieux de ravitaillement (villages, refuges, …) hors HRP classique mais à proximité de son tracé.
  • Localisation sur la carte des Pyrénées des points particuliers où nous avions envie d’aller : sites, pics, vallées …
  • Recherche d’itinéraires bis permettant de passer par nos points « à faire » (GR10, GR11, GRP …)
  • Croisement de ces différentes données pour construire un parcours :
    • Qui permet de suivre au maximum la HRP
    • Qui passe par nos points « à faire »
    • Qui nous évite de porter plus de 3 à 4 jours d’autonomie de nourriture

Toutes les données de parcours ont été compilées puis bidouillées avec le logiciel QGis, en utilisant les flux cartographiques de l’IGN.

– Nous avons ainsi abouti à un parcours en 48 étapes –

Après le départ :

Plusieurs facteurs nous ont obligés ou motivés à modifier le parcours initialement envisagé :

  • Les frontières espagnoles restées fermées un peu plus longtemps que prévu nous ont obligés à rester sur le GR10 pendant les premières étapes.
  • Une pause « improvisée » à Pau, qui nous a fait sauter de La-Pierre-St-Martin à la vallée d’Aspe par des itinéraires Bis plus bas en vallée.
  • La persistance de neige encore tardive nous a « forcé » à renoncer à certains passages (Balaïtous, Tuquerouye, …)
  • Les mauvaises conditions météo ponctuelles ont pu retarder notre avancée ou motiver un changement de plan (Aneto squeezé)
  • Les ravitaillements par des proches (Benasque, Pinet) nous ont fait rajouter et modifier légèrement des étapes.

Finalement, après ajouts, suppressions et modifications, le nombre total d’étapes réalisées reste le même que prévu :

– 48 étapes sur 55 jours –


Bibliographie et ressources documentaires

Quelques liens vers les sites internet et ouvrages qui nous ont été bien utiles pour préparer la traversée.

  • Les blogs de Franck. Lien page HRP. Beaucoup de bons conseils de préparation, les traces GPS utiles et des variantes intéressantes, les points d’eau, des lieux de bivouac, des descriptions succinctes et collaboratives de chaque étape, et plein d’autres choses …
  • Site GR10. Lien. Avec notamment une liste de bivouacs possibles (Lien)
  • Site HRP info. Lien.
  • Site GR11 (espagnol). Lien.
  • Pyrénées-Refuges. Lien. Tous les refuges, cabanes, abris des Pyrénées. On avait téléchargé la couche de points GPS pour l’avoir sur le téléphone.
  • Pour les ressources cartographiques en ligne, notamment les topo espagnoles, une page sur Camp to camp (lien)
  • Tous les sites des refuges en France et Espagne (FFcam ou autres)
  • Le livre Haute Route Pyrénéenne, de G. Véron.

D’autres ressources indiquées ou mentionnées durant le parcours :

  • La page dédiée HRP sur le site de Luciano que nous avons rencontré au refuge du Portillon. Lien. Plein d’autres itinéraires de treks décrits sur son site.
  • Le livre Trans Pyr’. Indiqué par une HRP-iste au refuge du Fourcat.

La carte – Navigation et orientation pendant le périple

Classiquement pour une randonnée à la journée ou sur quelques jours, on aime bien prendre la carte papier au 1/25000 du coin. Le problème c’est que pour la traversée ça représenterait environ 25 cartes Top25 à emporter rien que pour le côté Français… inenvisageable pour des questions évidentes de poids et encombrement !


La solution choisie :

  • Applications sur le téléphone portable pour tous les jours :
    • IGN’rando
    • AlpineQuest
  • GPS de rando (Garmin Xtouch3) en complément / secours avec l’appli Garmin Connect associée

Nous avons utilisé les applis tous les jours. Elles permettaient de télécharger à l’avance des fonds de carte sur des zones pour les consulter hors connexion. Plusieurs fonds de carte disponibles. Possibilité de tracer le parcours en avance pour visualiser le profil altimétrique. Possibilité d’utiliser le GPS du téléphone pour se positionner sur le fond de carte.

Le GPS de rando possède déjà ses fonds de carte. On s’en est servi ponctuellement pour se repérer dans le brouillard ou pour vérifier des altitudes (ou pour se remettre dans le droit chemin suite à de fausses indications). Il fonctionne avec piles.

Avantages de l’électronique

  • Encombrement et poids mini vu que dans tous les cas on emporte le téléphone.
  • Possibilité d’avoir autant de cartes et fonds que nécessaire pour explorer ou passer par des variantes.
  • Permet de consulter le profil alti et les distances parcourues.

Inconvénients

  • La batterie : plus de batterie = plus de carte. C’est pourquoi on avait aussi pris le GPS de rando à piles.
  • Nécessité de prendre les panneaux solaires pour recharger le téléphone en journée (mais très efficace avec du soleil !).
  • Parfois difficile de lire la carte sur le téléphone avec le soleil.
Les panneaux solaires en action

Détail des applis utilisées :

  • IGN’rando, version payante (17€ pour 1 an).
    • Permet d’avoir les fonds Scan25 de la France + d’autres fonds de carte (OSM, scan express, …).
    • Pratique pour le Scan25 mais quelques inconvénients quand même (rapidité de chargement, formats pris en charge …)
  • AlpineQuest, conseillée par les CRS de montagne de Gavarnie.
    • Beaucoup de fonds de carte dans le monde en version gratuite, dont les OSM que l’on a pas mal utilisés
    • Nous avons pris la version payante (7€) pour avoir les fonds de carte IGN espagnols.
    • Beaucoup de formats de traces pris en compte.
    • Facile d’utilisation pour créer, modifier, exporter, … des traces
    • Malheureusement pas de fonds IGN France disponibles.
  • Autres applis mentionnées par des randonneurs : Osmand, OruxMap, Mapas de España (pour l’IGN espagnol), MapsMe, …

Autre option que les applis / GPS :

Solution choisie par certaines personnes croisées sur la HRP :

Imprimer l’extrait de carte au 1/25000 ou au 1/50000 de chaque étape sur feuille. Ça représente 40 à 50 pages à emporter ou à récupérer lors de ravitos.

Avantage de cette méthode

  • Carte en version papier (pas de problème de batteries)
  • Possibilité de se débarrasser des feuilles au fur et à mesure (dans des poubelles ou pour allumer le feu)
  • Pas coûteux

Inconvénients

  • Les cartes peuvent prendre l’eau
  • Zoom sur la trace et donc difficile d’explorer la carte au sommet d’un col ou d’un pic
  • Difficile aussi de voir toutes les variantes possibles si besoin d’en prendre
  • Un seul fond de carte
Et là c’est par où ?

Les sacs – Matériel, contenu, poids, …

Ci-dessous la liste de matériel emporté par chacun pour la traversée. Dans le sac et sur soi.

Sac de Maroussia :

Contenu non communiqué pour le moment par la personne …

Poids total porté sur le dos variant entre 10 et 12 kg selon le ravitaillement en nourriture et eau.

Sac de Loïc :

  • Matériel divers
    • Grand sac, Deuter 65+10L (2140 g). Tout rentre dans le sac, rien dehors hormis la gourde ou ponctuellement des vêtements à faire sécher et les panneaux solaires
    • Petit sac, Quechua (102 g). Pratique pour compartimenter le sac ou à utiliser pour les courses, en refuge, …
    • Carnet (67 g). Pas indispensable
    • Couverture de survie (59 g). Indispensable
    • Lunette de soleil (76 g). Indispensable
    • Trousse de secours (358 g). Indispensable
    • Cache yeux (5 g). Pas indispensable
    • Frontale, Forclaz Bivouac 500 (55 g). Utile en tente ou pour des départs à l’aube. On ne s’en est finalement pas trop servi.
    • Bâtons x2, BlackDiamonds (). Indispensable surtout en descente avec les gros sacs et sur la neige (avec rondelles)
    • Crampons (900g). Gros débat, mais on les a bien utilisés et on était contents de les avoir.
  • Électronique
    • Panneaux solaires, (650 g). Indispensable, vérifier les temps de charge et l’efficacité du modèle avant. Le nôtre a super bien fonctionné !
    • Câbles divers (197 g).
    • GPS rando, Garmin eTrex3 (161 g). Utile en sécurité.
    • Téléphone, Samsung A51 (215 g). Indispensable, cartes et appareil photo
    • Liseuse (284 g). Pas indispensable
    • Gopro (207 g). Pas indispensable
  • Couchage
    • Matelas, Nemo AstroLight (626 g). Indispensable. Mais on peut trouver un peu plus léger pour la saison estivale.
    • Sac de couchage, Valandré Bloody Mary (1,1kg). Indispensable. On n’a jamais eu froid avec, plutôt souvent trop chaud. Possible de prendre moins technique pour l’été.
    • Foot print, MSR 3 personnes (272 g). Utile sous la tente pour éviter d’abîmer le sol. Utile pour déballer sur sol mouillé.
    • Tente, 6MoonsDesign (990 g). Indispensable. Offre autonomie et économie dans le périple. Légèreté non négligeable.
    • Sardines tente x 8 (118 g).
  • Vêtements / chaussures
    • Chaussures hautes, Lowa GTX (1600 g). Indispensable. Choix de chaussures hautes pour les passages en neige avec ou sans crampons, les traversées de ruisseaux et la sécurité des pieds/chevilles en fin de journée. Beaucoup de personnes partent en chaussures tiges basses, choix à faire et tester bien en amont.
    • Sandales, Quechua (). Utile pour les portions sur route, en refuges ou pour les jours de repos.
    • Paire grosses chaussettes (89 g). Pas indispensable, il n’a pas fait froid
    • Paires chaussettes longues x3 (3×53 g). Indispensable. Minima 2 paires pour le roulement, 3 paires c’est confort.
    • Paire chaussettes basses (34 g). Utile pour le repos, en refuge…
    • Caleçons x3 (3×67 g). Indispensable. Attention de bien choisir le tissus pour éviter les irritations.
    • Mérinos long, Forclaz (220 g). Indispensable. Jours nuageux, ventés, soirs
    • T-shirt respirant, Quechua + Rab (78 + 132 g)
    • T-shirt mérinos, Forclaz (120 g). Utile pour les odeurs de transpiration.
    • Pantalon, Forclaz (344 g). Indispensable
    • Short x2 (164 g + 225 g). Un seul short aurait suffit
    • Micro-Polaire, Millet (330 g). Indispensable. Départs tôt, arrêts à l’ombre, soir
    • Doudoune, Millet light down (390 g). Indispensable. Pour le soir et le matin
    • Poncho, Le vieux campeur (300 g). Indispensable. Pluie, orage, couvre-sac sous les absides de la tente.
    • Softshell/coupe vent, Millet (520 g). Utile mais un simple coupe vent gore tex aurait suffi.
    • Legging (167 g). Peu utilisé
    • Bonnet (76 g). Utile, neige, vent, soir
    • Gants soie (27 g). Pas utilisés
    • Gants polaire (55 g). Utiles comme le bonnet
  • Toilette
    • Serviette grande, Nabaiji (222 g). Indispensable
    • Serviette petite, MSR (59 g). Utile en secours, peu utilisée
    • Trousse de toilette (340 g)
  • Eau / nourriture
    • Brûleur, primus (90 g). Très utile, le (ré)confort d’une soupe ou d’un plat chaud le soir et le thé le matin n’est pas négligeable !
    • Petite bouteille gaz (150 g). On a fait le choix d’acheter/ se faire apporter des bouteilles de gaz de max 150-200g ça fait moins à porter à chaque fois.
    • Tasse alu (60 g). Très utile, verre et assiette à la fois
    • Popotes alu (400 g). Utile
    • Paille filtrante + gourdes souples, sawyer (169 g). Utile au cas où pas d’eau sûre.

Soit un poids total porté sur le dos variant entre 13 et 15 kg selon le ravitaillement en nourriture et eau.

Aparté sur les crampons et piolets :

C’est une question qu’il a fallu se poser, et que beaucoup de HRP-istes se posent en partant : Quid des crampons ?

Pour notre part, nous avons décidé de prendre de vrais crampons d’alpinisme (10 pointes pour Maroussia et 12 pointes pour Loïc). En raison de notre départ tôt dans l’année (mi-juin), des conditions d’enneigement de cette saison et de notre souhait de réaliser plusieurs ascensions les nécessitant.

Finalement, les crampons nous ont été utiles dans de nombreux passages en neige ou glace jusqu’à tard en juillet (Arrémoulit, Port du Lavedan, Col de Cambalès, Vignemale, Brèche de Roland, Mont Perdu, Perdiguère, Litteroles, Remuñe, Mulleres …).

Aucun regret d’avoir transporté 900 g d’acier chacun en plus pendant plus de 20 jours (on les a récupérés avant Ayous et rendus au Pinet). Les crampons ont été très sécurisants dans les dévers les plus pentus, voire ludiques dans les grandes étendues de neige.

Concernant les autres HRP-istes certains sont partis sans rien, d’autres avec des chainettes ou micro-crampons de trail. Tout dépend bien sûr de l’aisance de chacun mais plusieurs personnes nous ont dit s’être fait peur sans les vrais crampons. Donc nous conseillerons de les prendre dans des conditions d’enneigement assez classiques pour les Pyrénées, telles que nous avons eues.

Et quid des piolets ?

Pour notre part, pas de piolets prévus à transporter. Nous avions 2 bâtons chacun qui nous ont suffi avec les crampons pour les passages empruntés. Bien sur, prendre un piolet ne pourra être que plus sécurisant.

2 exceptions dans notre parcours :

  • Nous avons loué des piolets à Goriz pour faire le Mont Perdu
  • Nous en aurions eu besoin pour faire l’Anéto si les conditions météo l’avaient permis
Autre avantage du piolet : la persuasion !

Nourriture, Eau – Gestion des stocks

Nous n’avons globalement jamais eu de difficultés à nous ravitailler et n’avons jamais manqué de nourriture au cours de la traversée.

Concernant le ravitaillement en nourriture :

Notre trace était prévue pour ne pas avoir à transporter plus de 3 à 4 jours de ravitaillement dans le sac, et donc nous passions par des points de ravitaillements assez souvent.

Nous avons également bénéficié de ravitaillements en montagne par des proches, planifiés au cours de notre traversée.

Et nous avons pas mal utilisé la fonction restauratrice des refuges : petits dej’, pique-niques et soupers. Les portions sont généralement copieuses et cela nous permettait de varier notre nourriture.

Concernant la nourriture consommée :

Sans entrer dans le détail de tous les aliments consommés nos repas en montagne étaient majoritairement composés :

  • de produits déshydratés à chauffer le soir (soupes, purées, lyophilisés, plats préparés …)
  • de produits secs (fruits secs, barres de céréales, muesli …)
  • de viandes séchées (saucissons, jambon sec, …)
  • de fromages du pays traversé
  • de pain, de campagne ou aux graines

Dès que nous avions l’occasion de nous ravitailler l’objectif était de consommer un maximum de produits frais (fruits, légumes, laitages, …) que l’on pouvait aussi emporter pour le soir-même voire le lendemain midi.

– On mange quoi ce soir ?
– Soupe en poudre !
– Ah comme hier. Et demain ?
– Bah soupe en poudre …

Concernant l’approvisionnement en eau :

Sauf sur quelques étapes en crête de bout en bout, ou sur les derniers jours en pays catalan, l’eau ne nous a jamais manqué.

Le ravitaillement se faisait dès que possible :

  • En buvant directement l’eau des sources (mentionnées sur les cartes ou repérées en direct).
  • En allant aux torrents et en prenant garde au contexte amont (troupeaux, lacs, …)
  • En prenant dans les lacs en dernier recours.

La paille filtrante nous a été utile en cas d’incertitude sur la qualité de la ressource en présence. Sinon nous aurions aussi pu faire bouillir notre eau.


Détail des étapes et statistiques diverses

Ci-après quelques graphiques pour illustrer notre parcours (et ne pas perdre la main sur Excel …).

Cumul des distances parcourues et dénivelés grimpés/descendus

Et pour les plus curieux, le détail détaillé en détail de chaque étape :

Les distances et dénivelés sont approximatifs. Les temps comprennent les pauses.


Et maintenant ? Quelle est la suite ?

Après presque 1,5 mois de vadrouillage en France, place à la suite de notre périple.

Le plan A, la Nouvelle-Zélande, n’étant pas faisable, il a fallu envisager un plan B, également abandonné (pays nordiques), puis un plan C (plusieurs pays d’Europe du sud-est) qui s’est finalement concrétisé sous la forme d’un plan D (un seul pays retenu).

Ce sera donc un départ pour la Grèce ! Départ imminent de Toulouse le 26 septembre, et retour prévu en Décembre.

On n’en dit pas plus, un article va bientôt paraître !

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